Tournée forestière des BTS GF en apprentissage

Du 2 au 4 mai, les étudiants en BTS gestion forestière par apprentissage de Meymac étaient en voyage d’étude en Région Auvergne Rhône Alpes.

Les 15 étudiants de 1ère année et les 18 étudiants de 2ème  année ont tout d’abord rencontré Nicolas ALIZERT, responsable de l’agence CFBL de Saint-Germain-Lembron (63) et un technicien, Baptiste BETEMPS. Ils leur ont présenté la zone de travail de la coopérative, un secteur où le morcellement de la forêt privée est la règle. Il compte généralement 1 hectare pour 4 parcelles, un document de gestion majoritaire, le RTG (Règlement Type de Gestion) et une grande présence de résineux, notamment du sapin pectiné sur le PNR Livradois-Forez et de l’épicéa commun vers le Sancy et les Combrailles, avec des dépérissements significatifs liés aux scolytes. Seule la certification PEFC est présente ici.

Des unités de sciage existent, afin de valoriser localement les bois, à Moulin, Dubot… D’autres unités sont plus récentes, comme BIOSYLVAUVERGNE qui fabrique des pellets depuis un an, et THEBAULT (43) qui travaille le sapin pectiné sur un concept lamibois, proche du lamellé collé. La ressource en sapin est présente, ce qui explique la venue nouvelle de ce groupe. Les techniciens rappellent toutefois que les sapins pectinés ne doivent pas être plantés à moins de 700 ou 800 mètres d’altitude et qu’il vaut mieux diversifier les essences pour assurer une meilleure résilience dans le temps.

La pratique ici est la futaie irrégulière à couvert continu. De nombreux chantiers de reboisement se font en godets, en partenariat avec FORELITE d’Alliance Forêt Bois. La difficulté majeure reste la pénurie de bûcherons et d’ouvriers sylvicoles même si l’agence possède une équipe de 7 ouvriers manuels et bénéficie de l’appui de Mecafor pour les chantiers d’abattage mécanisé et débardage.

Après une nuit au gîte du Centre de la France à Verdun-en-Berry (18), le groupe d’apprentis se rend à Tronçais pour rencontrer Sylvain GAURET, animateur nature, qui leur fait découvrir la Réserve Biologique Dirigée de la futaie Colbert. Il s’agit d’un îlot de sénescence de 13 hectares correspondant aux premiers arbres plantés par l’Intendant de Louis XIV. Sur ce site, les étudiants peuvent voir l’évolution naturelle des essences forestières présentes. Le dépérissement de certains arbres offre les conditions favorable à la présence d’insectes et invertébrés mais aussi à certains oiseaux comme 7 espèces de pics.

Un cours d’eau traverse la zone, avec une aulnaie et un plan d’eau où se trouve le chêne classé de saint Louis, vieux de 400 ans, foudroyé mais toujours vivant. Les étudiants se dirigent ensuite vers la Réserve Biologique Intégrale de Nantigny, 98 hectares classées Natura 2000 en 2004 où il n’y a plus d’intervention humaine. Le but est d’y maintenir des habitats favorables à des espèces protégées comme la cigogne noire ou l’aigle botté.

Les étudiants rencontrent également Patrice BARDEAU-FERRIEUX, un des responsables de cette forêt. Le professionnel de l’ONF présente aux apprentis de Meymac, l’historique de cette forêt appartenant à l’Etat, où le public est toléré. Il s’agit de la 11ème forêt domaniale en taille avec une surface de 10 532 hectares réparties ainsi :

-7 552 ha de chêne avec objectif à 250-300 ans.

-2 300 ha de chêne avec objectif à 200 ans sur des sols moins fertiles.

-570 ha de pins sylvestres de 70 à 90 ans

-110 ha de réserves biologiques (RBD et RBI).

Depuis 3 ans, l’aménagement forestier (document de gestion des forêts publiques) est gelé du fait des aléas climatiques qui pèsent sur les forêts françaises. Seuls les bois dépérissant sont exploités (PAD- produits accidentels dépérissant) ce qui correspond malgré tout à 30 000 m3 par an. Les étudiants découvrent la forêt afin de comprendre les différentes opérations sylvicoles à mener dans le cycle de la futaie régulière de chênes : sur une parcelle, faire le relevé de couvert, c’est-à-dire enlever le taillis afin d’assurer la suite pour la coupe d’ensemencement avec une première coupe secondaire, puis une deuxième dès lors que les semis sont suffisamment denses pour assurer le renouvellement de la parcelle forestière.

Les étudiants observent des plantations et semis de chêne de 40 à 60 ans. Si les opérations de dépressage font travailler la parcelle à bois perdu (reste sur place), les premières éclaircies sont orientées en bois de chauffage et pieux de parcs à moules pour les chênes les plus droits. Des précautions sont à prendre lors de l’exploitation des arbres restant.

Pour finir, le groupe d’étudiants apprentis a visité la scierie HERAUD, une entreprise familiale créée en 1956 à Cosne d’Allier (03). La scierie est spécialisée à 99% sur le chêne notamment pour la parqueterie et la charpente mais aussi dans les traverses paysagères et SNCF. La visite démarre du parc à grumes où sont déposés des bois pré-coupés aux longueurs demandées, puis écorcés avant d’être sciés. Il s’agit de petites longueurs jusqu’à 2,50m et la scierie s’est spécialisée sur le 18 mm d’épaisseur. Les pris d’achat sont variables selon la qualité des bois. La zone d’approvisionnement concerne les départements de l’Allier, du Cher, de l’Indre et de la Nièvre. La scierie traite environ 60 m3 par jour soit 12 000 m3 par an.