La tournée forestière des BTS GF en Centre-Val-de-Loire
Le lundi 7 février, les étudiants de BTS GF 2 de l’Ecole Forestière de Meymac étaient attendus près de Levet (18-commune de Chavannes) sur un massif forestier de 634 hectares. Sur place, Axel, l’associé de Pierre Baron, gestionnaire forestier professionnel, a présenté les caractéristiques du sol de cette forêt, des essences présentes, notamment le chêne. Puis il a réalisé un focus sur la parcelle 66 d’une surface de 28 hectares qui est cloisonnée tous les 25 mètres et fait l’objet d’un traitement en futaie irrégulière.

Gestion et exploitation du massif forestier de la région Centre – Val-de-Loire
Des « trouées » sont ouvertes afin de favoriser la régénération naturelle du chêne à plus de 80% sessile. Les résultats sont encourageants et l’intervenant a insisté auprès des étudiants sur la nécessité d’éclairer le sol pour conserver et conduire une régénération naturelle de chênes. Sur une autre parcelle, les étudiants ont observé une régénération naturelle de chêne avec quelques vieilles réserves en merisiers. Un cloisonnement sylvicole tous les 6 mètres a été effectué durant l’hiver, largeur de 2 mètres et bord de semis de 4 mètres permettant de maintenir le charme afin qu’il ne devienne trop gênant pour les chênes à dominante pédonculés. Enfin, le groupe a observé des plantations de cet hiver, réalisées en chênes pubescents et sessiles à une densité de 1400 tiges par hectares. Il est rappelé aux étudiants de ne pas négliger la régénération artificielle en cas de défaillance de régénération naturelle ou de la volonté d’introduire de nouvelles essences afin de mieux répondre aux effets attendus du changement climatique.
Le mardi 8 février, les étudiants ont visité la scierie chêne TECSABOIS à Coullons. Le groupe s’est divisé en 2 afin d’observer l’ensemble des étapes de production et de transformation du matériau chêne. Le parc à bois où les grumiers déposent les grumes qui sont ensuite amenés sur le deck, avec une traçabilité des produits grâce aux plaquettes apposées en forêt. La zone d’approvisionnement en matières premières est la région Centre. L’opérateur de scierie marque les grumes à la découpe pour redresser les bouts de bois et obtenir la valorisation optimale : TECSABOIS scie sur son site de Coullons environ 10 000 m3 par an, soit 40 à 50 m3 par jours. Il y a 2 scies de tête, une pour les plots et l’autre pour les avivés (sciage 4 faces). Les sciures sont récupérées, les chutes de bois de chêne sont valorisées dans le groupe TECSATHERMIQUE pour le chauffage et les copeaux de chêne sont compactés en bûches vendues à l’enseigne Leroy-Merlin. Les fournisseurs de bois sont la coopérative UNISYLVA, TRANSABOIS (négociant) et un expert forestier. L’entreprise achète aussi occasionnellement auprès de propriétaires privés forestiers.

Durant l’après-midi, David HOUREAU, technicien forestier du CNPF Cher a présenté la structure et les forêts privées en région Centre – Val-de-Loire. Il a souligné aux étudiants l’importance de la forêt privée dans le Cher (17 000 hectares) couverte aux 2/3 de chênes. Les propriétés y sont plutôt grandes, permettant une gestion efficace des domaines forestiers. Sur place, les propriétaires belges d’un domaine de 35 hectares étaient présents et ont participé à la présentation. La majorité des forêts, comme ici, sont des peuplements forestiers issus de taillis sous futaie. Aujourd’hui, ce mode de traitement est obsolète et une conversion en futaie s’impose avec un choix en futaie régulière ou irrégulière. Un focus a été réalisé sur la surface terrière, mesurée en m2. Plus le chiffre est élevé, plus la forêt est dite riche, ici 15 à 20 m2. La difficulté d’une trop forte surface terrière est la faible lumière du sol qui empêche les semis de survivre. Un autre point a été effectué sur la surface des peuplements (petits, moyens, gros et très gros bois). Les étudiants ont réalisé des exercices d’application, le technicien leur a donné des conseils sur la nécessité de tenir compte des réalités de terrain pour proposer des solutions pertinentes qui conviennent aux propriétaires.
Découverte de la gestion de la forêt domaniale d’Orléans
Le jour suivant, les étudiants ont rencontré Yves BAUGIN, Responsable d’Unité Territoriale qui leur a présenté la forêt domaniale d’Orléans, un massif forestier de plus de 36 000 hectares divisé en 3 Unités. Cette forêt est composée de chênes et de pins introduits en 1820. Elle souffre d’une eau qui ne s’écoule pas sur un terrain plat et qui pose souvent le problème de l’hydromorphie des sols et la difficulté de régénérescence naturelle, notamment pour les chênes. Les pins de variété sylvestre, laricio et maritime sont conservés voire introduits sur des parcelles forestières où le chêne n’a plus sa place en raison d’une difficulté à se régénérer. Les étudiants ont observé des alternances de plantations entre pins sylvestre de 5 ans d’âge et des bandes de chênes boisées en 1990, le constat est sans appel, les pins rattraperont les chênes d’ici 10 ans… Un aspect essentiel des messages adressés aux étudiant relève de la mauvaise santé des pins sylvestres en dépérissement depuis quelques années. La concurrence pour l’eau avec les chênes explique ce dépérissement. Un programme de photo interprétation est lancé sur la Forêt Domaniale d’Orléans ainsi que des programmes de mécénat (notamment de GUIGOZ) ou de label bas carbone prennent en charge une partie du coût des plants forestiers. Le plan de relance du gouvernement permet aussi à l’ONF de bénéficier de financement d’Etat.
Les étudiants ont également pu observer des îlots d’avenir. Ce sont des parcelles destinées à la plantation d’essences exotiques, capables de se révéler résistantes face aux aléas climatiques. La parcelle de 6 Ha observée, présente 1500 tiges/hectare de chênes verts et pubescents, liquidambar, métaséquoia et orme de Sibérie; avec des possibilités de séquoias sempervirens, pinus rigida, pinus taeda… Enfin, un point particulier a été fait sur des parcelles taillis sous futaie de chênes et charmes. L’itinéraire sylvicole est présenté avec un cloisonnement tous les 17/18 mètres afin d’assurer la protection des sols et concentrer l’impact sur une surface réduite. Afin d’assurer une régénération naturelle, il faut éclairer le sol mais modérément au risque d’un trop fort développement de la mollinie. Les dernières coupes d’un peuplement de chênes avant une coupe définitive sont:
-coupe d’ensemencement : enlever les taillis et rendre la parcelle accessible
-coupes secondaires : extraction des vieux arbres, les moins conformes
-coupe définitive : enlever les derniers semenciers dès lors que la régénération naturelle au sol est acquise.
La forêt domaniale compte des îlots rapaces, l’aigle botté y est particulièrement protégé. Un périmètre de protection existe pour empêcher les travaux à certaines périodes, notamment pendant la nidification avec un périmètre de quiétude portant jusqu’à 100 mètres du nid.
Philippe AYFFRE, enseignant BTS GF, BTS TC produits de la filière forêt bois et Licence aménagements arborés et forestiers