Découverte des modes de gestion d’une forêt exceptionnelle

La forêt de Tronçais, haut lieu du patrimoine forestier français

Le mardi 30 novembre 2021, la classe de BTS Gestion Forestière 1ère année a rencontré les animateurs de CAP TRONÇAIS dans le cadre d’une visite de la Réserve Biologique Dirigée de Tronçais. Ce site est devenu un îlot de sénescence où les arbres finiront de leur belle mort. La non intervention sylvicole permet à d’autres essences comme le hêtre, d’exister.

Beaucoup de ces arbres dépérissant laissent apparaître de nombreuses cavités ou loges favorables à des familles d’oiseaux comme les pics noirs, pics verts… On trouve donc du bois mort sur pied et au sol. De nombreux insectes et invertébrés apparaissent et laissent place à un cortège faunistique capable d’assurer des cycles biologiques faune / flore.

Les étudiants ont aussi découvert la futaie Colbert, au rond de Richebourg, une forêt datée de 1806. Elle dispose d’un itinéraire grand public qui permet de comprendre pourquoi cette forêt est traitée en futaie régulière, avec des objectifs de bois de qualité (merrain notamment) et dont les meilleurs prix aux ventes ONF de l’automne 2021 avoisinaient les 1000 € / m3 sur pied.

De 70 000 à 80 000 touristes visitent chaque année la forêt de Tronçais et l’ONF a fait le choix de canaliser ce public afin de préserver la forêt tout en répondant à la demande sociétale de se rapprocher des milieux naturels.

Une gestion durable pour la production de bois de qualité

Puis les étudiants en gestion forestière se sont rendus à Côte Pelouse, en forêt privée sur la commune de Pouzy-Mesangy. Jean-Baptiste REBOUL du CNPF leur a présenté les caractéristiques de la forêt de l’Allier, à 80% privée contre 20% de propriété publique et a particulièrement insisté sur les documents de gestion durable et leur fonctionnement. Ils ont découvert cette forêt de chêne, ancien taillis sous futaie, composée de vieilles réserves de chênes et dont l’objectif est de tendre vers la futaie irrégulière.

Nos futurs techniciens forestiers ont observé le sol (à la tarière), les plantes et semis présents ainsi que les caractéristiques des arbres. On leur a fourni une clef d’identification des types de peuplements afin de leur permettre de qualifier les bois sur site. Ils ont calculé des critères et fourchettes de surface tarière ainsi que des notions du protocole DEPERIS, sur l’observation du dépérissement des arbres à un instant T mais également du protocole ARCHI qui permet d’apprécier le potentiel d’avenir d’un arbre.

Modes d’exploitation d’une chênaie exceptionnelle

Les étudiants du lycée forestier ont également rencontré Patrice BARDEAU-FERRIEUX, technicien forestier de l’ONF au Rond Gardien. Celui-ci leur a présenté la structure de l’Office National des Forêts et ses missions ainsi que les pratiques de gestion de la forêt domaniale de Tronçais. Celle-ci s’étend sur 10 533 hectares, elle est gérée selon quatre séries :

•Série 1 : durée de révolution 250 ans – chêne – 7 500 hectares

•Série 2 : durée de révolution 200 ans – chêne – 2 300 hectares

•Série 3 : durée de révolution 100 ans – pins sylvestres – 750 hectares

•Série 4 : réserve biologique (RBD / RBI) – 163 hectares.

La durée de révolution correspond à la conduite du peuplement jusqu’à l’âge de récolte, elle varie selon la fertilité du sol. Un document d’aménagement fixe les préconisations de gestion sylvicole pour l’ensemble des parcelles sur une durée déterminée. Mais la réalité oblige à s’adapter aux aléas climatiques. Aussi il s’agit souvent au printemps d’effectuer le martelage (désignation) des bois appelés PAD (Produit Accidentel Dépérissant) afin de les commercialiser rapidement pour l’automne suivant.

Deux modes de vente sont pratiqués dans cette forêt :

•Sur pied : pour les très beaux arbres, de qualité supérieure. Les acheteurs font des propositions de prix et le meilleur emporte le lot.

•Bord de route : en régie. C’est l’ONF qui se charge de l’exploitation des bois et de leur transport le long d’une piste afin de les présenter à différents acheteurs potentiels. Le meilleur enchérisseur l’emporte et repart avec son lot.

Pour finir, le technicien a abordé les aspects financiers par l’intermédiaire de la parcelle 250. De très beaux chênes vendus sur pied, avec un volume moyen de 5 à 6 m3. De beaux futs de plus de 20 mètres de long, un volume de bois estimé à 580 m3 emporté par un acheteur pour le prix global de 553 000 €, soit 953 €/m3 !